Jacques Gravereau et Jacques Trauman viennent de publier aux Éditions Eyrolles un remarquable livre intitulé « Les alchimistes de la confiance : une histoire des crises monétaires. » comme un « voyage au fil de l’histoire pour tenter d’éclairer nos décideurs actuels sur la recherche perpétuelle du bon aloi ».
Étudier la question de la confiance à travers la monnaie est un angle particulièrement intéressant. Schématiquement, sans confiance, pas de monnaie, sans monnaie, peu d’échanges et sans échanges pas d’économie. Pourrait-on construire quelque chose sur le doute et le soupçon ? La valeur donnée à une monnaie révèle le niveau de confiance collective dans l’organisation sociale dans sa globalité.
Une crise monétaire engendre une crise de confiance dans l’État de droit. Elle peut mener par capillarité jusqu’à une crise de confiance interpersonnelle, d’où l’importance de l’exploration proposée par nos deux auteurs.
Cet ouvrage structuré en 26 chapitres d’une dizaine de pages permet de découvrir les différentes facettes des mécanismes liés à une crise monétaire et les mécanismes mis en oeuvre pour la résoudre, mais surtout les décisions l’amplifiant. On peut le lire d’une seule traite ou en picorant des chapitres, par exemple, sur John Law, Hamilton, Schacht, Talleyrand, Poincaré, ou Georges Soros.
Je vous recommande particulièrement le 7ème chapitre, intitulé « Anatomie de la confiance » où les auteurs nous mettent en garde de l’illusion mécaniste de la confiance.
Toutes les grandes décisions monétaires ayant fondée un ordre nouveau ne l’ont pas été sur une virtuosité technique, mais sur la rencontre entre un peuple et un homme providentiel, auquel le peuple fut disposer de lui accorder sa confiance.
« Dans tous les cas, individuels et collectifs, la confiance est un acte volontaire auquel personne ne m’oblige. C’est en même temps un pari qui ne repose que sur des bribes d’information, sur des éléments irrationnels. Accorder la confiance n’est pas un acte raisonnable ».
« La confiance, c’est de la sécurité, du sommeil sans cauchemars ».
« En matière monétaire, la confiance est d’autant plus aveugle (…) que la masse ne comprend rien aux considérations techniques qui rendent une monnaie fiable ou son contraire. Le problème n’est pas qu’elle soit fiable, mais qu’elle soit acceptable. »
« La confiance ne se déclenche pas par une analyse détaillée, mais par une intuition d’ordre affectif, voire esthétique. Le filtre émotionnel trie ce qui est désirable ou non. »
« Dans la sphère publique (…), la confiance apparaît comme une des trois institutions invisibles du contrat social, les deux autres étant l’autorité et la légitimité. Un crise de confiance majeure est donc, en même temps, le symptôme d’une grave crise de légitimité. »
Souhaitant que ces quelques lignes vous incitent à aller découvrir cet ouvrage, je serais ravi de recueillir vos avis sur ce livre dans les commentaires à cet article.
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