Le terme « confiance » à toutes les sauces

Publié par Petrel le 31 octobre 2013
Définir, Enchanter, Témoigner

Comme beaucoup de consommateurs, lorsque le terme confiance est cité pour une marque, spontanément Darty et son contrat vient à l’esprit. Ah, la puissance d’insinuation mentale de la publicité. Pour autant, la confiance est mise à toutes les sauces. Hier, sur l’autoroute, je double un camion des Transports Lhéritier, basés dans le Cantal. Sur la porte du tracteur : « notre destination, votre confiance ». Ce matin, sur Viamichelin, j’ai donc recherché l’itinéraire pour aller à « La Confiance » : « Par suite d’un problème technique, nous ne pouvons répondre à cette demande. Merci de bien vouloir la modifier », m’a répondu le site. Au passage, j’ai appris que La Confiance était un village de moyenne altitude de la commune de Sainte-Marie sur l’île de La Réunion. Poursuivant ce voyage, j’ai découvert une cuvée « Fleur de Confiance ».

« Ce rasteau, issu d’une culture raisonnée d’un vignoble de grenache et d’une vinification traditionnelle, est à l’image de son terroir, » nous indique le site du Domaine de La Soumade. Rien n’explique cependant le choix de ce nom, qu’une autre cuvée du domaine utilise. Côte Euralis, coopérative agricole du sud de la France rassemblant 15 000 agriculteurs et 5 000 salariés, le message est plus clair : « Euralis, nourrir votre confiance ». Cette entreprise se déclare portée par trois valeurs : l’engagement, la performance et la confiance. Tout en étant premier producteur mondial de foie gras, intervenant dans l’activité traiteur, cette coopérative est aussi un acteur majeur dans le domaine des semences de maïs. Les questions de sécurité alimentaire et de génomique sous-tendent donc son activité. Voilà deux domaines où la question de la confiance des clients est particulièrement sensible. Pour autant, rien ne transparait vraiment sur leur site internet, sur la façon dont ils la cultivent.

Au cours de ce googglle-voyage, je m’arrête, intrigué, par trois résultats de recherche : la relation de confiance de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFP), le Fonds de Confiance de France-Active, financeur solidaire pour l’emploi et le Pacte de Confiance avec les hospitaliers du ministère des Affaires sociales et de la Santé.

Pour France Active, je ne vois pas très bien le lien entre le nom du fonds et son contenu. « Fonds de confiance, multiplions les initiatives solidaires » , hormis l’intérêt du nom, comment la confiance intervient dans ce fonds ? Les documents à disposition ne le laissent pas entrevoir.

La Relation de Confiance est une « offre de service » de l’administration fiscale. Le paradoxe de l’association de ces termes me surprend. Où est donc son prix qui sera hors taxes, bien entendu ! La brochure ne l’envisage pas. Voilà ce qu’habille cette terminologie : « l’administration accompagne l’entreprise en amont de ses processus déclaratifs pour l’ensemble des impositions relevant de la direction générale des finances publiques.
Dans ce cadre, l’administration conduit une revue annuelle des options et obligations fiscales de l’entreprise. elle se conclut par un avis qui engage l’administration.
La relation de confiance permet ainsi à l’entreprise :
– de connaître le plus rapidement possible la position de l’administration sur ses options fiscales ;
– d’évaluer pour les besoins de l’établissement de ses comptes, les conséquences financières de cette position ;
– de réduire le coût de gestion interne résultant d’une opération de contrôle pouvant se dérouler 2 à 3 ans après la clôture d’un exercice et nécessitant des recherches documentaires ou des traitements informatiques mobilisateurs de moyens techniques et humains ».

Finalement, la relation de confiance avec l’administration fiscale, c’est, pour une entreprise (ouverte et loyale, sic), d’être certain de connaître exactement le montant de son impôt. N’est-ce pas paradoxal ? Et bien entendu, il faudra signer « un protocole en vue d’une revue contradictoire de la situation fiscale de l’entreprise. » Mais pourquoi ont-ils nommé ainsi ce service ?

Côté usages du terme, la politique n’est pas en reste. La ministre des Affaires sociales et de la Santé a lancé un « pacte de confiance » pour l’hôpital, en septembre 2012, devenu en septembre 2013 « pacte de confiance » avec les hospitaliers. « Un pacte de confiance, c’est avant tout un dialogue social rénové, équilibré, apaisé. Celui-ci doit retrouver toute sa place entre l’Etat et les partenaires sociaux. » Dans ce cas, la démarche a le mérite de se fonder, en tout cas dans l’affichage, sur la relation entre humains.

Nos communicants ont de beaux jours devant eux. On pourrait quasiment accoler confiance à tout produit ou service. A force d’usages divers et variés, confiance est devenu un terme dont le contenu est fortement dévoyé, alors que ce qu’il représente est toujours plus recherché.

A vous d’essayer : rajoutez confiance à tout ce que vous utilisez : un service de confiance, une voiture de confiance, une alimentation de confiance, une école de confiance… Deviendront-ils tous plus crédibles ?

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